Algonquins du Lac Barrière: des élections imposées le 8 septembre
Les Algonquins de Lac Barrière organisent un barrage à résister pacifiquement à l'assaut inconstitutionnel que subit leur système de gouvernance traditionnel
Kitiganik, Lac Rapide, territoire algonquin / - Les membres de la communauté de Lac Barrière promettent de bloquer pacifiquement la tenue, dans la réserve, d'une assemblée de mise en candidature en vertu de la Loi sur les Indiens, le jeudi 22 juillet.
Un préposé aux élections veut implanter le plan du gouvernement fédéral qui vise l'abolition du système de gouvernance traditionnel de la communauté de Lac Barrière en tenant des assemblées de mise en candidature menant à une élection au sein de la bande imposée par le gouvernement sous la Loi sur les Indiens. La communauté de Lac Barrière est l'une des rares Premières nations qui n'ont jamais été soumises au système électoral imposé par la Loi sur les Indiens, continuant au lieu de se gouverner selon leurs propres règles coutumières établies depuis la nuit des temps.
L'Assemblée des Premières Nations a adopté une résolution d'urgence qui soutient la communauté de Lac Barrière et qui condamne le Ministre des Affaires indiennes, Chuck Strahl, lors de leur assemblée générale qui a eu lieu à Winnipeg ce mercredi.
« Nous rejetons la tentative inconstitutionnelle du ministre d'assimiler nos coutumes en matière de gouvernance en nous imposant un système étranger. La communauté, unanimement, est en faveur de continuer à fonctionner selon nos coutumes », dit Marylynn Poucachiche, une porte-parole de la communauté de Lac Barrière. « Puisque le gouvernement ne respecte pas ses responsabilités constitutionnelles ni les vœux de la communauté, nous n'avons d'autre choix que de nous tourner vers la désobéissance civile. Nous allons empêcher pacifiquement la tenue de l' assemblée de mise en candidature et nous exigeons que le gouvernement fédéral cesse et se désiste de sa tentative d'abolir nos coutumes. Le gouvernement enfreint la loi, mais nous la protégeons à travers nos actions. »
Le droit inhérent de la communauté de Lac Barrière à son propre système de gouvernance coutumier est protégé par l'article 35 de la constitution canadienne. Un rapport publié en mai 2010 par le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones affirme que les Premières nations ont le droit de garder le contrôle sur leurs affaires internes et sont libres de mettre en œuvre leur vision de la gouvernance.
« Le gouvernement canadien tente l'assimilation par la force de nos coutumes afin de couper nos liens avec la terre, liens qui sont au cœur de notre système de gouvernance », dit Tony Wawatie, un autre porte-parole de la communauté de Lac Barrière. « Ils ne veulent pas faire face à un leadership fort, choisi par les membres des communautés qui vivent sur la terre, qui exige que les gouvernements fédéral et du Québec mettent en oeuvre les accords préexistants concernant l'exploitation de nos terres et de nos ressources ».
Selon le code coutumier de gouvernance de la communauté de Lac Barrière, n'ont droit de participer au processus de sélection des dirigeants que les membres de la bande qui habitent sur le territoire traditionnel et qui détiennent un savoir et un lien avec la terre. Cette manière de fonctionner nous assure que seules les personnes qui ont a cœur la terre et son bien-être peuvent être choisies comme dirigeants. Toutefois, des élections de bande en vertu de la Loi sur les Indiens ouvriraient la porte à l'élection d'individus inscrits au registre de la bande qui n'habitent pas le territoire de la communauté.
Le gouvernement fédéral a légèrement repoussé la date des élections en vertu de la Loi sur les Indiens, en annonçant qu'elles auraient lieu le 8 septembre 2010.
Michel Thusky, porte-parole
Plus d'information au: www.barrierelakesolidarity.org