Les Mohawks décrient un projet de mine à Oka
Michel Munger
Argent - CANOE.CA (30-06-2011)
Le projet de mine de niobium à Oka dérange toujours. Une manifestation a eu lieu à Montréal, jeudi, afin de contester les plans que la compagnie Niocan (NIO) tente de mettre de l'avant.
Organisée en marge de l'assemblée annuelle de l'entreprise, la manifestation de Mohawks a été appuyée par le Regroupement de solidarité avec les autochtones.
Selon les plus récentes études, le site renfermerait 3,22 millions de tonnes présumées de niobium. Ce minerai sert notamment à fabriquer des composantes électroniques et à renforcer l'acier.
Or, le projet est contesté depuis une décennie. Le territoire visé est revendiqué par les Mohawks de Kanesatake et ses terres sont fertiles pour l'agriculture. La production de niobium nécessite aussi d'importantes quantités d'eau, ce qui sème l'inquiétude.
«Nous rejetons le projet parce qu'il y a des impacts négatifs sur notre santé, indique Ellen Gabriel, porte-parole de Mohawks. Ils veulent utiliser l'eau souterraine. Il s'agit de contamination de nos terres. Aucune technologie ou compensation ne rendra cela acceptable. Nous ne pouvons pas manger des dollars en retour de la violation de nos sites.»
Connu pour son implication dans la cause du logement à la tête du FRAPRU, François Saillant partage ce souci environnemental.
«L'exploitation sera néfaste pour l'ensemble de la population, lance-t-il. Ce sont les meilleures terres agricoles du Québec. Si l'on prend l'exemple d'une mine qui a déjà été exploitée dans les environs, il y a un danger de pollution de l'eau. Ce n'est bon pour personne, sauf la compagnie.»
«Cette terre est revendiquée depuis 300 ans, ajoute M. Saillant. Ce serait la moindre des choses de négocier de bonne foi. Pourtant, il n'y a pas eu de négociation du tout.»
En marge de l'assemblée annuelle de Niocan, un actionnaire qui a préféré ne pas être nommé a dit que «tout est toujours plus compliqué avec les Mohawks qu'avec les autres autochtones».
Hubert Marleau, PDG par intérim de Niocan, s'est voulu plus nuancé. «Nous attendons notre permis. Nous croyons que nous avons le droit d'aller de l'avant avec le projet et c'est au gouvernement de décider. Nous n'en avons pas le pouvoir.»
«Nous voulons faire un projet respectueux avec des retombées économiques pour la région, ajoute M. Marleau. Nous ne cherchons pas à détruire quoi que ce soit. Ce n'est pas à notre avantage de causer des problèmes environnementaux, car les autorités feraient fermer la mine. Nous ne voulons pas dépenser 110 M$ pour un projet qui ne se rendrait pas à conclusion.»
Justement, Hubert Marleau affirme que tout est en place pour financer le projet si celui-ci obtient le feu vert.
L'action de Niocan gagnait 5% à 1,26 $ en fin d'après-midi jeudi à la Bourse de Toronto.