Oka - Résistance populaire à un projet minier
par Alexandre Shields
Le Devoir 30-08-2011
La minière Augyva souhaite construire, à Oka, une usine qui permettrait de traiter, sur une période de 20 ans, des millions de tonnes de résidus miniers pour en extraire divers types de minerais. Mais le projet rencontre une certaine opposition de citoyens du secteur, qui estiment qu'il faudrait plutôt que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement étudie l'acceptabilité sociale de ce projet.
Le projet qu'espère développer Augyva nécessiterait des investissements de l'ordre de 35 millions de dollars et pourrait créer entre 10 et 250 emplois, selon les chiffres avancés par la minière. Son objectif est de traiter des millions de tonnes de résidus abandonnés au cours des années 60 et 70 afin d'en tirer des minerais comme du niobium — utilisé dans l'industrie sidérurgique — et des éléments de terres rares aujourd'hui très convoités à l'échelle planétaire.
Si ces résidus laissés sur place par la St-Lawrence Columbium n'avaient aucune valeur il y a de cela quelques années, l'évolution des techniques de traitement des ressources brutes et la hausse fulgurante des prix de certains produits sur les marchés mondiaux ont rendu la chose attrayante. L'entreprise canadienne mène d'ailleurs actuellement une évaluation, avec l'accord de la municipalité d'Oka, afin d'estimer la valeur des quelque 10 millions de tonnes de résidus.
Cette étude pourrait être achevée au cours de l'automne. Mais son intention affichée d'investir 35 millions dans la construction d'une usine laisse présager que le produit qui pourrait en être tiré a une certaine valeur. Si l'évaluation est positive, Augyva en fera l'acquisition, nettoiera le site en traitant et vendant le niobium et les terres rares qu'il renferme et le restituera à la municipalité après l'avoir transformé en parc. C'est du moins ce que promet la minière.
Une mine à Oka?
Mais selon la coalition d'opposants au projet — les Mohawks, le Comité de citoyens d'Oka et l'UPA Outaouais-Laurentides —, Augyva se servirait plutôt de ce projet pour ensuite relancer son projet d'acquisition de l'entreprise Niocan et l'exploitation d'une mine de niobium à Oka. La minière avait déjà présenté il y a quelques mois une offre d'achat de 22 millions de dollars pour mettre la main sur les actifs de Niocan, mais les démarches n'ont jamais abouti.
C'est ce qui fait dire à Michèle Benoît, porte-parole du Regroupement de solidarité avec les Autochtones, que «la décontamination est un leurre, un cheval de Troie pour faire avaler un projet d'exploitation minière qui est condamné tout aussi bien par les Mohawks de Kanesatake que par une très large partie des agriculteurs et des citoyens d'Oka».
Selon elle, «il semble de plus en plus évident qu'Augyva veut être la seule à exploiter le niobium et les terres rares enfouis à Oka. Or, ce projet est planifié sur un territoire revendiqué de très longue date par les Mohawks de Kanesatake. Il aurait de plus des conséquences environnementales graves dans une région à forte vocation agricole et agrotouristique». L'activité agricole est en effet bien implantée dans le secteur.
Augyva possède cinq propriétés situées sur le territoire de la baie James et en Abitibi. Elle travaille notamment au développement d'un projet de mine de fer, mais aussi dans des projets d'exploration sur quatre sites aurifères.